Dr Nels Anderson (1889-1986) fut de longue date un membre du corps professoral du Département de sociologie de l'Université du Nouveau-Brunswick (1965-1977). « Ethnologue indigène », Anderson occupa une position assez originale dans l’Ecole de Chicago. Sa première publication, Le Hobo, sociologie du sans abris est son unique contribution dans le domaine de la sociologie, et plus exactement dans l’œuvre de l’Ecole de Chicago. Publiée en 1923, cette monographie a été écrite pendant ce que l’on a appelé la « grande époque » de cette Ecole, de 1915 à 1935, lorsque Robert Park était directeur du département de sociologie de l’université. Cet ouvrage monographique s’inscrit dans la tradition sociologique de l’école de Chicago, et en demeure un des grands classiques. Ayant été lui même hobo et s’étant élevé socialement, Anderson nous livre un portrait précis de ce mode de vie nomade. Au cœur même de sa recherche, Nels Anderson analysa des situations qu’il a lui-même vécu (difficultés financière, organisation sociale, mode de vie..), en ce sens son approche fait preuve d’une certaine subjectivité. Son propre parcours de vie constitue pour lui un atout dans la rédaction de son ouvrage. Dans l’extrait autobiographique qui nous est proposé ici, l’auteur, à travers le parcours de son père puis sa propre histoire, nous dresse un profil type du hobo. Ainsi, nous étudierons dans une première partie, la manière dont le père de Nels Anderson est devenu hobo, puis dans une deuxième partie la manière dont Nels Anderson s’est lui même socialisé à ce mode de vie ; puis dans une dernière partie, nous étudierons la manière avec laquelle l’auteur est venu à définir son propre mode de vie dans un ouvrage de sociologie.
En effet, le père de Nels Anderson était lui-même hobo, c’est-à-dire considéré par les sociologues comme un sans-abri. Après avoir passé son enfance en Suède et quelque année en Allemagne, il émigre vers les Etats-Unis où il devient un véritable