Extrait étudié : Paul Verlaine Nevermore Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant: «Quel fut ton plus beau jour?» fit sa voix d'or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement. - Ah! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées! Et qu'il bruit avec un murmure charmant Le premier «oui» qui sort de lèvres bien-aimées!
Extrait du commentaires :
I. — Ce sonnet est à la fois un épanchement, un récit et une évocation. Verlaine y évoque un souvenir au deuxième degré qui hante sa pensée et souligne le caractère inéluctablement révolu du passé; d'où le titre Nevermore (en français : Jamais plus) emprunté au célèbre refrain du Corbeau d'Edgar Poë, traduit par Baudelaire.
II. — Le poème est une confidence sur un ton d'abord mélancolique comparable à celui d'une complainte (1 à 4) — puis désinvolte et lancinant par l'évocation d'une voix qui résonne encore dans sa mémoire. Le 1" tercet est d'une tonalité délicate et galante, le second d'une fraîcheur légère et attendrie.