Norbert elias, la civilisation des moeurs
Né à Breslau en Allemagne en 1897 et décédé à Amsterdam en 1990. Persécuté par les nazis durant la seconde guerre mondiale car il était juif, il émigre en Suisse puis à Paris. Il écrit le Procès de la civilisation et La dynamique de l’Occident. Il a été d’une brillante contribution à la sociologie contemporaine. I- Première partie, « culture et civilisation » * * CHAPITRE 1
La formation de l’antithèse « culture » - « civilisation » en Allemagne.
La civilisation est l’expression de la conscience occidentale, on pourrait même dire le sentiment national occidental. C’est l’avancée de la société occidentale des deux et trois derniers siècles sur les siècles précédents et sur les sociétés plus primitives. Cette société est fière de son développement technique, de ses règles de savoir-vivre, de l’évolution de sa connaissance scientifique et celle du monde.
Cependant il y a une grande différence entre l’usage que font les Anglais et les Français d’une part, et les Allemands d’autre part. Pour les premiers la civilisation représente la fierté de la nation, les progrès de l’Occident et de l’humanité en général. Pour les seconds, c’est une chose fort utile mais qui est secondaire, c’est plutôt ce qui constitue la face extérieure de l’homme. Lorsque l’Allemand entend montrer sa fierté, il emploie le terme de culture.
Pour les Français et les Anglais la civilisation peut se rapporter à des faits politiques, économiques, religieux, techniques, moraux et sociaux. La culture allemande désigne essentiellement des données intellectuelles, artistiques et religieuses.
Le terme « cultivé » est proche de la notion occidentale de civilisation. Il représente la forme la plus élevée de « l’être civilisé ». Le terme « cultivé » se rapporte d’abord en premier lieu à la manière de l’homme de se présenter et de se comportement, il désigne aussi sa qualité sociale, son langage, ses habitudes vestimentaires et se distingue