Norbert elias, la dynamique de l’occident
« Une véritable révolution copernicienne », Nathalie HEINICH, sur l’apport de Norbert Elias à la sociologie. Norbert Elias dont l’œuvre fut reconnu assez tard a provoqué des changements importants dans la manière d’envisager la sociologie politique. La dynamique de l’Occident est à ce titre un de ces livres les plus marquants. Norbert Elias est né en 1897, à Breslau, en Pologne où il suivra des études de médecine et de philosophie et de psychologie et sera l’élève de Rickert, Husserl, et Jaspers. Il s’exile en Angleterre à partir de 1935 et publie dans l’anonymat le plus complet La civilisation des mœurs. De même sa thèse sur La société de cour, rédigée avant 1933 ne sera publiée en Allemagne qu’en 1969. La véritable réception de son œuvre n’a lieu que dans les années 1970, en Allemagne mais surtout en France à l’instigation, notamment, des historiens de l’Ecole des Annales. En 1984 il part s’installer à Amsterdam et y mourra en 1990. En focalisant son l’attention sur le passage de la féodalité à la construction de l’Etat moderne, Max Weber avait stimulé une fusion progressive des points de vue anciens de l’histoire et des points de vue neufs de la sociologie que l’on nomme aujourd’hui sociologie historique du politique.
C’est dans cette continuité que Norbert Elias écrit la Dynamique de l’Occident en 1939 ., formulant une conception de la formation des Etats modernes qui s’efforce d’échapper aux pièges symétriques du déterminisme et du subjectivisme L’Etat n’est ni le produit obligé d’une nécessité historique ni le résultat d’une stratégie préméditée.
Il émerge une multitude de projets et de choix qui imbriqués, les uns aux autres, ont donné, par un long processus, naissance à des « configurations » largement inédites. L’emboîtement de plus en plus problématique entre les deux matrices l’une féodale et patrimoniale et l’autre monopoliste et centraliste désignerait ainsi une trame décisive de cette