Notes de lecture
Moi, l’interdite, Ananda Devi
-Insistance dès l’incipit sur le caractère fictif de cette histoire. Ambiguïté et polysémie du terme « réalité » : « Cette histoire couleur d’eau croupie n’a peut-être aucune réalité. Laissez-la s’écouler à travers la bonde de l’oubli. N’essayez pas de la saisir » p. 7
-Cette histoire n’est pas sous-tendue par une vocation ou un objectif moral : elle est destinée à « l’oubli ». Cette irréalité de l’histoire procède aussi de sa dimension onirique « Elle parle de rêves déchus ».
-Le caractère fantastique du récit : la disparition ou l’absence du narrateur qui nous confie cette aventure (voir Joël Marlieu) « Cette brûlure qui me consume de l’intérieur, c’est elle que je vous livre en mon absence » p. 8. Le narrateur affiche et revendique même ce caractère fantastique «Vous ne croirez peut-être pas à ce conte étrange et angoissé ». p. 8.
-Il y a de l’irréalité dans le réel : La narratrice semble nous aviser à l’irréalité du réel et à cet aspect fallacieux de la réalité « Vous ne croirez peut-être pas à ce conte étrange et angoissé. Regardez autour de vous. Un monde qui se désagrège autour de corps lourds d’incertitudes » p. 8.
Les deux réactions de la mère sont un peu antinomiques et ambivalents : opposition entre le geste d’extraversion « un long soupir de dégoût s’est échappé d’elle » et celui introverti « le sein s’est rétréci sans qu’il en sorte la moindre goutte de lait » Cela définira tout le comportement de la mère envers sa fille : afficher ce qui est négatif et camoufler ce qui est positif.
La question « où est parti le lait de ma mère ?) Est une énigme insoluble pour la fille : le nœud de sa psyché, l’origine de son complexe. Cette question persiste encore alors qu’elle est adulte maintenant. Envie de régression (goûter du lait maternel). L’évaporation du lait maternel c’est aussi la dissipation de ce souvenir premier, de ce paradis perdu de l’enfance. Cette question est abyssale, remonter ab