Nous avons fait la nuit est la dernière mélodie d’un cycle de neuf mélodies, Tel jour telle nuit, composé par Poulenc en 1937. Le poème ayant été choisi (Nous avons fait la nuit) est tiré du recueil Facile de Paul Éluard. Ce dernier est un poème au caractère intimiste.
Nous avons fait la nuit je tiens ta main je veille
Je te soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l’étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée ta voix publique
Je ris encore de l’orgueilleuse
Que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d’accord avec la tienne avec la nuit
Je m’émerveille de l’inconnue que tu deviens
Une inconnue semblable à toi semblable à tout ce que j’aime
Qui est toujours nouveau

Cette mélodie comprend un tempo très modéré, mais sans traîner. La durée est d’environ trois minutes. Le rythme régulier des croches au piano accompagne les noires et les croches à la voix. La mesure est à 4/4 et comprend plusieurs changements servant à créer un lien entre la mélodie et le texte de la poésie. La tonalité est do mineur. La tessiture, allant de do à sol, est élevée. La forme est linéaire.
Poulenc a traduit musicalement le caractère intimiste du texte en maîtrisant plusieurs points musicaux qui l’ont mené à une progression plutôt sereine de cette pièce.
Le début du poème est composé dans une tessiture basse (voix et instrument) et un faible niveau dynamique. Quand la tessiture s’élève, le piano et la voix reste dans une nuance pianissimo, ce qui n’atténue pas le caractère intime de la mélodie. C’est à partir de je ris encore ( f ) que la pièce atteint des sommets dynamiques et mélodiques, puis sur Et dans ma tête, ( f ) et une troisième fois sur je m’émerveille, ( f ). Mais après chacune de ces parties, le calme revient en rabaissant la dynamique et la tessiture aux mêmes niveaux que ceux du début de la mélodie (p ou pp).