Nouveaux acteurs, nouveaux enjeux
PLUS ÇA CHANGE, PLUS C'EST LA MÊME CHOSE
Michel Aglietta
Université de Paris X Nanterre
Les crises s'inscrivent dans des cycles financiers où interagissent l'endettement et le mouvement des prix d'actifs. L'expansion financière dérape lorsque le crédit n'est plus fondé sur les perspectives de revenus des emprunteurs mais sur l'anticipation de la valeur de leur richesse. Le cercle vicieux est exacerbé par la valorisation « mark to market », par les règles prudentielles procycliques et par le transfert des risques bancaires via la titrisation et les produits dérivés. Toutes les crises des deux dernières décennies présentent ces caractéristiques. Elles se distinguent par leur gravité selon que les bilans bancaires sont ou non fragilisés. La crise actuelle est de ce point de vue fort sérieuse. Elle a en commun avec celle des années 1930 pour effet de provoquer une restriction de l'offre de crédit et une augmentation durable de son coût.
Dans une comparaison statistique des crises financières survenues dans les trente dernières années dans les pays développés – et ayant impliqué les banques –, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (2008) soulignent la similitude des processus qui précèdent les crises : forte montée des prix immobiliers, progression rapide du ratio dette du secteur privé/PIB, détérioration de la balance courante. Ces résultats confirment plusieurs études de la Banque des règlements internationaux (BRI) sur les indicateurs macroéconomiques avancés des crises. La récurrence des crises scande le cycle financier qui conduit le capitalisme de bulle en bulle. C'est pourquoi les crises ont une logique commune : l'emballement du crédit qui finance l'espoir d'enrichissement par la hausse du prix d'au moins un actif sur lequel se polarise la spéculation.
Le plus comique dans l'affaire est que, dans chaque vague d'engouement financier, une vaste population d'analystes, d'experts, de professionnels et de politiques explique que, cette