Nouveaux regards sur l’allemagne.
Nouveaux regards sur l’Allemagne.
La chute du Mur et la réunification allemande dans le roman français des années quatre-vingt-dix.
1. La perception de l’autre – options et limites de l’herméneutique interculturelle
Sur le plan individuel comme sur le plan collectif, les relations interpersonnelles ou interculturelles – situées entre les extrêmes d’une distanciation ou d’une entente mutuelle – constituent une base importante pour la définition de ce que nous sommes. Comme le prouve la discussion récente sur le caractère supposé désuet ou prémoderne de la « vieille Europe », l’autodéfinition continentale, elle aussi, dépend de notre interprétation du rapport avec l’altérité. Au niveau des relations franco-allemandes, le contexte politique et le contact avec la civilisation étrangère ont toujours contribué dans une grande mesure à la formation de l’image de sa propre nation et de celle de son voisin. Que ce soit dans le refus de l’autre civilisation pendant les guerres des siècles passés ou, plus encore, à l’époque d’une approche mutuelle initiée en particulier par le Traité de l’Elysée, la perception du voisin d’outre-Rhin contribue à l’autodéfinition nationale et culturelle. C’est pour cette raison qu’une étude des images de l’Allemagne en France – et inversement – permet non seulement de commenter l’herméneutique de l’autre comme le produit d’un regard « français » sur l’Allemagne mais nous donne également la possibilité d’ajuster notre vision de nous-mêmes. Dans le cadre de cette approche imagocritique, on peut se demander si les images traditionnelles de l’Allemagne romantique, du « boche » ou de l’Allemand à la tête de Janus dont parle la critique littéraire[i] correspondent encore à la représentation de l’Allemagne dans la littérature actuelle. Afin de juger de quelques aspects particulièrement révélateurs de cette imagerie française, je voudrais me concentrer sur l’analyse de la représentation littéraire des événements