Nouvelle instant
Après avoir pris connaissance des lieux, je me plaçai devant une fenêtre. La vue de cette étendue d'eau était magnifique, tout ce bleu, cet infini, étaient pour moi le signe d'une nouvelle vie. Une traversée tranquille et paisible s'annonçait. Le soleil était au rendez-vous. On nous compta, tous le monde était là, et le soir, vers dix-neuf heure, nous sûmes que nous étions exactement cent vingt-six à avoir le même projet. La première journée allait déjà se terminer et la durée du voyage nous était inconnue. La liberté s'offrait à moi, un voyage unique, inimaginable, mon cœur battait a tout rompre. Certes le paquebot était en piteux état mais je n'avais pas les moyens de m'offrir mieux. Même les recoins les plus sombres habituellement étaient aménagés et habités et j'avais hâte d'arriver car ce qui m'attendait était merveilleux.
Durant la nuit, les moteurs du bateau s'arrêtèrent et chacun se mit à paniquer, à prendre ses proches dans ses bras, à prier... Alors, un homme d'équipage nous ordonna de ne pas faire de bruit, de rester calme et d'attendre. Ce n'était rien ! Environ deux heures plus tard, le bateau reprit sa route. Nous fêtâmes tous cela en criant de joie, en chantant, en dansant. Malheureusement, ce bonheur fut de courte durée. Notre joie fut interrompue par une seconde halte et l'ouverture de la cale. La brigade maritime nous demanda de sortir un par un. Nous, les immigrés, pourtant à la recherche d'un monde