Nouvelle orientales
Dans ses grands romans, Mémoires d'Hadrien et L'Œuvre au noir, comme dans toutes ses autres œuvres narratives, Marguerite Yourcenar n'a jamais fait d'une femme son personnage principal. Cependant, nombreuses sont les figures féminines qui encadrent les héros. Dans Les Nouvelles orientales, leur présence est tout aussi secondaire, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont pas un rôle essentiel dans la narration. La multiplication des visages, d'un récit à un autre, révèle l'intérêt que leur accorde l'auteur. Ainsi se côtoient des femmes médiocres, des saintes et des séductrices, développant par la même occasion la complexité de l'identité féminine.
La médiocrité des opprimées
Les médiocres
En tant que femme, Marguerite Yourcenar ne cherche pas à bonifier de manière systématique ses consœurs et s'autorise quelques portraits tâchés de médiocrité. Ainsi dans « Le Dernier Amour du Prince Genghi », une ancienne maîtresse du personnage éponyme est décrite dans toute la laideur de la vieillesse ; quant à la malheureuse Dame-du-village-des-fleurs-qui-tombent, son vieil amant n'a pas de souvenir de celle qui fut une concubine des plus banales. Personnages sans relief, elles n'en obtiennent pas moins la reconnaissance du Prince Genghi pour la première et du narrateur pour la seconde.
Les cruelles
Dépassant la seule médiocrité, certaines figures féminines sont véritablement négatives, ce qui se manifeste par un déploiement de cruauté. Pour se venger de son amant, la veuve amoureuse de Marko Kraliévitch est capable d'exiger les pires tourments. Dans « Le Lait de la mort », la mendiante condamne son enfant à la souffrance et à la cécité uniquement pour s'assurer des