Néoconservateurs
Comment pourrait-on définir le néoconservatisme américain ? Qui sont les néoconservateurs ? Quelle est la genèse de leur idéologie ? Quelle est leur vision du monde ? Pour comprendre le néoconservatisme, il faut remonter jusqu’aux années 1960, époque à laquelle on voit de jeunes intellectuels américains se rapprocher progressivement de la droite, alors représentée par la National Review, et de spécialistes des relations stratégiques comme Albert Wohlstetter. Venant souvent de la gauche, ils restent attachés au New Deal roooseveltien, mais critiquent le libéralisme de la « Grande Société ». Ce sont eux qui vont créer des revues comme The Public Interest ou The National Interest. Ils seront rejoints au cours de la décennie suivante par Norman Podhoretz, alors rédacteur en chef de la revue Commentary, qui fut fondée en 1945 par l’American Jewish Committee. Parmi eux, on trouve des essayistes qui ne vont pas tarder à se faire connaître, comme Nathan Glazer, Irving Kristol, Daniel Patrick Moynihan, Martin Seymour Lipset, Daniel Bell, Michael Novak, James Q. Wilson ou Midge Decter. Michael Harrington fut le premier à les traiter de « néoconservateurs », terme à l’origine plutôt péjoratif qui s’imposera dans les années 1970. Le mouvement prend son essor autour de deux revues, The Public Interest, fondé en 1965 par Irving Kristol et Daniel Bell, et Commentary. Alors que la première génération comprenait surtout des intellectuels new yorkais, la deuxième rassemble plutôt des universitaires ou des activistes politiques démocrates de Washington, qui se considèrent comme les gardiens du « centre vital » théorisé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale par l’historien Arthur Schlesinger. Ce sont eux qui fondent en 1972 la Coalition for a Democratic Majority et que l’on retrouve en 1976 à la direction du Committee on the Present Danger, qui milite pour une forte augmentation des dépenses militaires. A la même époque,