Objets dans fin de partie de beckett
Note sur le personnage et son rapport à l’objet dans l’œuvre de S.Beckett.
L’objet comme processus d’existence.
S’il est un élément indispensable à l’existence des personnages de Beckett, c’est l’objet. Ainsi on retrouvera dans tous ses récits, la trace d’un rapport particulier avec tel ou tel objet (dans son sens large).
Deleuze, dans L’Epuisé s’appuie sur la nécessité d’une combinatoire. L’être réduit à la déclamation, à la ratiocination par et pour (dans ces deux sens) l’objet.
On peut citer des personnages comme Malone inexistant sans stylo, et même plus sans l’idée de son autre crayon enfoui dans le lit. Il passe tout un moment à réfléchir sur la possibilité de la présence ou non d’un crayon qui lui permettrait l’achèvement, ou l’issue, autre chose, dans ce lit.
Ce lit signifiant. Lit espace, le lit comme contour, limite.
L’objet prend sens, donne sens au personnage, sens à son questionnement, à son exposition, son explication, sa justification.
Le personnage est suspendu à l’objet. L’objet signifie alors l’existence, ou du moins l’existence effective du personnage.1
Dans En Attendant Godot, par exemple, Lucky n’existera aux yeux de tous qu’après sa prise de parole déclenchée par l’épisode du chapeau. On dépose sur la tête de Lucky le chapeau, et Lucky jusque-là silencieux, parle, s’engouffre dans un soliloque, dans une psalmodie, une imprécation, un discours indéfini mais signifiant l’existence effective du personnage.
Dans un autre registre, "Je" le personnage de Comment c’est n’existe et ne survit que grâce à son sac à dos. Sans son sac il n’est rien, et au bout de son sac, il ne sera plus. Son sac lui permet l’issue, la ligne de fuite, par le biais de l’abandon qu’il induit des contingences, son sac lui permet nourriture et sommeil.2
L’objet au-delà de son prime abord matériel, peut aussi revêtir une apparence plus abstraite. Ainsi il peut s’agir de la boue qui recouvre Molloy, ou qui se mêle à Pim.