Observe-t-on une volatilité électorale croissante?
1ère année
Conférences de méthode
Sociologie et Vie Politique
Second semestre 2010 – 2011
Séance n° 9
Observe-t-on une volatilité électorale croissante ?
Le terme « volatilité » est issu de la chimie, où il désigne la faculté dont jouissent certains corps solides ou liquides de se transformer en vapeur, en gaz. Appliqué aux comportements électoraux, il en indique le caractère variable, insaisissable, voire instable. La volatilité électorale n’est pas un concept de science politique à proprement parler ; c’est plutôt une expression péjorative qui désigne des électeurs mobiles, dont le vote est imprévisible. Cette notion de volatilité électorale a été utilisée à partir des années 70 par les politologues, notamment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour signaler et étudier les phénomènes croissants d’instabilité du vote. En France, la question de la volatilité électorale est au centre de la sociologie électorale depuis les années 1980, ce qui a notamment été dû à la restructuration de l’espace politique qui a eu lieu à cette période (notamment la baisse de l’extrême-gauche, la montée de l’extrême-droite et des mouvements écologistes) et les alternances à répétition. Plus récemment, l’élection présidentielle de 2007 a été le théâtre de bien étranges comportements électoraux des Français. Par exemple, en contradiction totale avec les modèles explicatifs du vote, on a constaté qu’une large part de l’électorat ouvrier s’était tournée vers le candidat de droite N. Sarkozy. Cette constatation a alimenté l’idée d’une volatilité électorale croissante.
Problématique : comment la croissance de la volatilité électorale remet-elle en question les modèles explicatifs du vote ?
I. Les origines sociologiques et politiques de la volatilité électorale
A) La restructuration de l’espace politique
* Jeux de reclassements et de réalignements