« On ne possède jamais rien qu’un peu de temps » dixit Eugène Guillevic, un des poètes français les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Le temps s’écoule, inexorablement. Synonyme de vie, il disparaît en même temps qu’il se donne. Il est ce qui permet tout changement, toute évolution. Mais peut-on vraiment posséder le temps ?
« Quel animal possède quatre pattes au matin, deux pattes à midi et trois pattes au soir ? ». Cette énigme posée un jour à Œdipe nous montre que nous sommes tous concernés par l’évolution. Ce qui permet ces changements est le temps, la seule chose qu’on « possède » vraiment tout au long de notre existence.
Le temps est ce qui nous permet d’agir. En effet, nous avons besoin de temps, les actes pour prendre place dans la chronologie de notre vie, les pensées pour germer dans notre tête. Tous les objectifs dépendent du temps : César n’a pas conquis Rome en une heure et Hitler n’a pas non plus séduit l’Allemagne en une journée. La seule chose qui permet la réalisation, c’est du temps. Nous avons de même généralement besoin du temps pour apprendre ou oublier certaines choses. De même pour le savoir : le temps va de pair avec les connaissances et l’expérience. Les évènements de notre vie sont tous déterminés par le temps.
Néanmoins, le temps peut tout aussi être représenté par cette phrase : ″Time is money″. Telle est l’image de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. Le temps aurait-il une valeur qui peut se calculer en argent ? Nous courrons derrière une richesse matérielle, mais superflue. En effet, nous pouvons bien quitter cette Terre après avoir accumulé une montagne d’or. Cette montagne ne versera jamais une larme, ni n’agitera jamais un mouchoir lors de notre départ. Notre vraie richesse, c’est le temps de notre vie dont nous disposons et l’usage que nous faisons de ce temps.
En revanche, un détail que Guillevic semble avoir ignoré, c’est que l’on ne peut posséder le temps, comme l’on possède un tableau. On ne