Page

1607 mots 7 pages
Adam était perdu dans cette ville qui l’invitait à la nudité. Partout autour, il ne voyait qu’affiches de rouge à lèvres nouvelle génération, slogans politiques illustrés par un mannequin cambré. Là où il mangeait tous les jours, le bruit de l’hypocrisie et de l’ambition l’assourdissait et le rendait incapable de se concentrer sur ses frites. A sa gauche, deux jeunes parlaient d’amour, à leur manière. En tendant l’oreille, Adam pouvait distinguer les concepts ancrés dans l’inconscient de cette jeunesse numérisée. Avant, l’amour angélique était la règle dans les lieux publics, quand parfois il se trouvait qu’on en parlait. Là, les mains ne se rencontraient plus, occupées à tirailler un clavier sans touches dont on doit taire le nom.

Adam ne comprenait pas ce qu’il voyait, il sentait ses idées se condenser. Même ses monologues internes étaient imbuvables. Tel un agoraphobe en sueur, il sentait le besoin de s’éloigner, loin du vide métropolitain.
Il était né dans la couveuse urbaine, entouré de ces gens qu’on appelle citadins. Ses parents avaient migré vers le trou noir urbain, fuyant la mélancolie et la lucidité rurale. Ils avaient préféré se terrer dans la masse, qui les accueillait chaleureusement de leurs mains noircies par le goudron. Son père et sa mère avaient un travail. Ils étaient occupés à se donner un nom dans leur profession, et ne s’attardaient que rarement sur les émotions. C’était, du moins, une partie de leur vérité. Car au fond, ils étaient conscients du pacte matériel qu’ils avaient signé avec leur vanité. En une pincée de rêve, ils avaient conclu qu’ils en voulaient plus, qu’ils méritaient plus. Etait-ce parce que beaucoup de gens pensaient comme eux ? Non, biensûr, ils étaient loin d’être des brebis. Ils ne croyaient pas à la pensée communicative, car, croyaient-ils, c’était de la science-fiction. Ils avaient décidé eux-mêmes de faire comme tout le monde, à l’image de ce que tout le monde fait. Car qui ne croit au hasard des choses, ne peut

en relation

  • Fdap pages
    360 mots | 2 pages
  • Le mystère du nez perdu de justinien trouvé-dieu et nous seul pouvons (fictif)
    527 mots | 3 pages
  • Le marché du travail de la Bolivie
    315 mots | 2 pages
  • Boitelle - maupassant
    3053 mots | 13 pages
  • Page
    404 mots | 2 pages
  • Page
    2554 mots | 11 pages
  • Le temps
    934 mots | 4 pages
  • no et moi
    349 mots | 2 pages
  • Dissertation
    365 mots | 2 pages
  • aucun
    397 mots | 2 pages
  • Fleurs bleues-résumé
    507 mots | 3 pages
  • Mallarme
    1015 mots | 5 pages
  • page
    2254 mots | 10 pages
  • Marguerite duras
    876 mots | 4 pages
  • page de
    5450 mots | 22 pages