Paradis fiscaux
« Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères »
Alexis de Tocqueville
Dans le cadre du travail d’évaluation du module « Droit international des affaires» du Master 2 en Management des Entreprises de l’Université de Savoie et du Diplôme de Formation Continue en Gestion, j’ai réalisé ce document qui présente des réflexions ainsi qu’une analyse structurée sur l’évasion fiscale. Plus précisément, je me suis focalisée sur l’évasion des capitaux et l’évasion fiscale. C’est un sujet d’actualité brulante, qui touche les intérêts de la Suisse et reconfigure toute la carte économique mondiale. La Suisse est le bouc émissaire idéal.
Le marché de l'évitement d'impôts, d'ampleur gigantesque, est désormais contrôlé par les juridictions anglo-saxonnes et leurs instruments phares, dont les sociétés de domicile (sociétés offshore) et les trusts restent aujourd'hui une voie royale, drapée de légitimité afin d’éviter l'impôt. Ce n'est pas un hasard si des Etats américains tels que le Wyoming, le Delaware, le Nevada, des îles telles que les Seychelles, les Iles Vierges britanniques, Jersey, Guernesey, ou Hong Kong ne figurent sur aucune liste noire de paradis fiscaux. Le blanchiment d'argent, qui est devenu impossible depuis longtemps en Suisse, s'y pratique sans frein et sans la moindre réprobation. Le problème n'est donc pas moral mais commercial, économique, financier.
Il est certes difficile d'évaluer la fortune mondiale soustraite au fisc. Si l'on s'en tient aux 7'000 milliards de dollars estimés par le Boston Consulting Group, la fortune placée en Suisse, 2'200 milliards, représente une proportion non négligeable. Mais il est vraisemblable que les 11'500 milliards, estimés en 2005 par Tax Justice Network, soient plus proches de la vérité, selon Myret