Pardon
Comment traduire le concept de pardon et le réseau complexe de notions qui lui sont associées ? Doit-on chercher des équivalents dans la tradition culturelle chinoise ? Doit-on proposer des néologismes ? Doit-on, plutôt, faire travailler des notions chinoises en leur donnant progressivement un sens ou des connotations nouvelles ? C'est à partir de cette expérience de traductrice et non en termes généraux – philosophiques ou historiques – que je proposerai quelques réflexions sur un problème d'une immense complexité.
Dans cette perspective, la pensée de Derrida est particulièrement précieuse en raison du caractère radical de son analyse critique du concept de pardon, menée pendant les dernières années de sa vie. La réflexion de Derrida part en effet d'une double constatation : en premier lieu, dans ses origines comme dans sa signification profonde, le pardon est inséparable de ses origines religieuses, qu'il appelle au sens large « abrahamique » pour y inclure non seulement le christianisme, qui est évidemment essentiel, mais aussi le judaïsme et « les islams ». Mais d'autre part, et en second lieu, on assiste ces dernières années à une