Parle leur de bataille de roie et d'éléphants
Je ne dirai pas que j’ai été déçu par son nouveau roman, mais il est juste de dire qu’il est très différent. Michel-Ange arrive à Constantinople en 1507 pour lancer le chantier d’un gigantesque pont qui reliera les deux rives de la Corne d’Or. Le grand Léonard vient d’y échouer et pour prendre sa place, et surtout par appât du gain, celui qui n’est pas encore le célèbre créateur du plafond de la Chapelle Sixtine, arrive dans cette ville aux portes de l’Orient. Plus qu’un architecte ou qu’un sculpteur, l’homme découvre les joies et les tourments du dilettantisme dans cette cité d’impies qui ne s’appelle plus Constantinople. De retour de longues balades avec ses accompagnateurs mandatés auprès de lui par le Grand Vizir, Michel-Ange s’enferme dans sa chambre pendant des jours et s’abandonne dans des esquisses de détails entrevus dehors. C’est une danseuse venue égayer une soirée à laquelle il participe, qui lui fait découvrir l’amour. Mais s’il n’est pas même parvenu à déceler le sexe de ce corps, Michel-Ange hésite devant la nature des désirs que cet être crée chez lui. Ce n’est pas cet amour qui éveille l’artiste, mais un autre, plus proche et pourtant plus loin de lui, et que la danseuse devenue amante (ou le danseur devenu amant) va lui permettre de découvrir. Nous savons, quand nous connaissons la biographie de cet artiste qui a marqué des générations d’artistes après lui, qu’il a été amoureux d’un homme. Nous découvrons dans ce court texte de Mathias Enard que cet homme, il l’avait connu à Istanbul.
Un roman qui commence léger et termine ténébreux, et qui en ça ressemblerait à son grand frère Zone, mais il n’en est rien. Son écriture est plus simple, moins maniérée même, diront ceux qui avaient détesté Zone, et j’en connais personnellement. On y retrouve bien sûr