Parmiggiani et la bibliothèque fuligineuse
La bibliothèque fuligineuse a été réalisée pour le Collège des Bernardins, en relation avec l’histoire du lieu et son passé. On pourrait donc parler d’une œuvre in situ, bien que les bibliothèques brûlées de Parmiggiani aient été déjà présentées lors d’autres expositions (pour l’exposition « Poussière » notamment au FRAC de Bourgogne, et aussi au MAMCO de Genève). Le processus de création de ses œuvres est toujours le même : de véritables bibliothèques ou étagères remplies de livres sont disposées contre des murs, puis la salle est enfumée pendant un certain temps. Quand tout est terminé, les livres et les supports sont retirés, laissant apparaître les traces de leur présence sur la surface du mur.
Ce sont 20 000 ouvrages qui ont été utilisés pour réaliser la Bibliothèque du Collège des Bernardins, sur un mur de vingt-cinq mètres de long. Nous sommes donc face à un immense « spectre » de bibliothèque, constitué d’empreintes blanches de livres en négatif qui sortent du mur noirci par la suie. Parmiggiani nous donne à voir la présence des objets par leur absence ; présence révélée par leur disparition, par la fumigation qui en a marqué leurs contours. L’artiste a voulu faire revivre la mémoire de l’enseignement et du savoir dispensé dans ce lieu au Moyen-Âge, à l’emplacement même de l’ancienne bibliothèque. La création procède donc de la destruction ; c’est elle qui permet la renaissance à travers la remémoration du souvenir recréé.
Cette récurrence de