LE PRÉSENT ( *fr* 43 ; II,VANITÉ) Le texte de Pascal : "Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans des temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent d’ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu’il nous afflige, et s’il nous est agréable nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes occupées au passé ou à l’avenir., et si nous y pensons ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin. Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais." •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• Simple lecture d’un fragment de la liasse VANITÉ, situé non loin du fragment IMAGINATION et qui pourrait nous aider dans d’autres études, à commencer par le DIVERTISSEMENT. Ce fragment nous renvoie au premier cours sur Adam :avec la Chute, l’homme est entré dans le Temps, la succession.Temps qui ne peut qu’être temps de la corruption. En s’impliquant lui-même (nous) pour créer une convergence de vue entre lui et nous (Que chacun examine ses pensées), Pascal, dans un raisonnement déductif, avance une thèse posée comme indiscutable qu’il va prouver et illustrer et sur laquelle il va faire des variations qui mèneront à une conclusion radicale supposant évidemment tout le reste de sa pensée. Il