Pascal, pensées
Pascal, cet entomologiste de l'âme humaine, ne laisse pas indifférent, car il nous conduit sur les rives glissantes d'une réflexion jamais interrompue sur le sens de notre vie, de la mort, nous confrontant par un mouvement pendulaire incessant au destin de notre existence. Une existence toute provisoire, et par conséquent dérisoire.
Cette conscience de l'homme l'obsède. Comme une angoisse dont les Pensées restituent la tonalité plaintive. André Gide ne se montre pas insensible à ces accents langoureux de l'œuvre pascalienne : « Qu'il gémisse, cela va bien ; ses gémissements sont fort beaux ». Les Pensées sont un cri déchirant, plus qu'une complainte maladive, un appel retentissant, un rappel... Gide refuse cependant de se mettre au diapason de ce lamento : « mais qu'il nous veuille forcer à gémir ; qu'il aille jusqu'à écrire : Je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant - n'y a-t-il pas de quoi s'écrier qu'on n'approuve que ceux qui trouvent ; qui trouvent avec des cris de joie. »
Gide face à Pascal. Ces deux pensées s'inscrivent dans des systèmes de représentation du vivant, mettant en jeu l'homme et sa nature, soulevant l'enjeu de la destinée humaine...
Que nous enseigne Pascal ?
La conscience de l'homme, c'est-à-dire la conscience de ses propres limites, l'étrangle dans sa finitude : la connaissance du monde le martyrise, l'ébranle. Certes, par la connaissance, l'homme s'élève, mais cette élévation le conduit au