Pascal - qui peut-on considérer comme le destinataire des pensées?
Introduction :
La mort de Pascal en 1662 laissa l’œuvre des « Pensées » dans un état d’inachèvement qui pose aujourd’hui encore problème à plusieurs niveaux : celui de l’ordre des fragments, de la division (ou non) de ceux-ci en plusieurs ouvrages, de la nature des écrits (avons-nous affaire à un fragment destiné à être publié, ou à une réflexion notée par Pascal pour lui-même ?). Dès lors, on peut se demander à qui Pascal destinait ses écrits, et sous quelle forme il voulait les publier. On sait cependant que la volonté de l’auteur était de composer une Apologie du Christianisme, la visée apologétique et argumentative de l’œuvre ne peut donc pas nous échapper, prouvant que l’œuvre de Pascal se destine à être lue. La question est de savoir par qui. [Problématique] Nous savons que nous avons en notre possession un écrit destiné à la publication. Les « Pensées » nous ont été transmises « telles qu’elles étaient » (p.52, préface de l’édition de Port Royal) à la mort de leur rédacteur. Le texte n’étant pas achevé, peut-on considérer qu’il a un autre destinataire que son auteur lui-même ? Si l’on s’intéresse au but que disait poursuivre Pascal, ne peut-on pas se demander si les destinataires ne sont pas plutôt multiples ? Quels moyens l’auteur utilise-t-il pour toucher son lecteur ?
I – Un problème complexe : Y a-t-il un destinataire au texte ?
a) Les « Papiers d’un mort » (expression de Michel Le Guern)
La forme elliptique des « Pensées » peut parfois surprendre, voire même s’avérer déconcertante. Ainsi, en lisant le fragment 42 « Vanité. La cause et les effets de l’amour. Cléopâtre », il nous semble avoir affaire à quelques notes rapides, jetées sur le papier dans l’attente d’être plus amplement développées. Le fragment 392 reprend la même idée, nous aidant