Pascal sur le coeur et la raison
« Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur ».
Le mot « vérité » est unique, mais a-t-il une seule ou plusieurs significations ? Y a-t-il un seul type de vérités, ou plusieurs, et la connaissance de la vérité, de même, est-elle unique ou multiple ? Plus précisément, ne doit-on considérer comme vrai que ce que l’on peut connaître avec certitude, parce que cela a été prouvé ou démontré par la raison ? Y a-t-il un sens à parler de vérités religieuses et peut-on légitimement considérer comme vérités le type de certitudes que l’on trouve dans la foi religieuse ?
C’est à ces questions que réfléchit Pascal dans cet extrait des Pensées. Pascal était mathématicien et savant ; à ce titre, il savait que la vérité se connaît au moyen de la raison (et aussi de l’expérimentation), et ne requiert rien d’autre que l’usage méthodique de nos instruments naturels de connaissance (nos sens, dont les observations sont rectifiées par la raison, et, donc, notre capacité à raisonner). Mais il était aussi chrétien fervent, proche des
Jansénistes de l’abbaye de Port-Royal, qui tenaient pour une théologie inspirée par Saint
Augustin, le grand théologien du début du Moyen-Age.
Le problème posé par le texte pourrait être formulé ainsi : croit-on en Dieu comme l’on démontre la vérité d’un théorème, et trouve-t-on, ici et là, le même degré de certitude ?
Oui, répond Pascal, et il y a même plus de certitude dans les vérités de la religion. Mais pour affirmer cela, encore faut-il considérer que la raison n’est pas la seule voie d’accès à la connaissance de la vérité, mais qu’il y en a une autre, plus infaillible encore, qu’il appelle le cœur. C’est ce dont Pascal entretient son lecteur dans le présent texte. Nous allons l’expliquer, avant de le soumettre à examen critique.
L’auteur énonce d’emblée sa thèse : « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur ». Il