Pascal, dans cet extrait du deuxième discours de son œuvre Trois discours sur la condition des Grands, nous explique ce que les hommes considèrent comme des grandeurs et des valeurs. Sa thèse affirme qu’il y a deux ordres de grandeurs – les grandeurs d’établissement et les grandeurs naturelles- qui inspirent respectivement à deux types de respects : respect d’établissement et respect naturel. Dans son explication, Pascal établit un jugement paradoxal à propos des respects d’établissement ; en effet, ceux-ci doivent, nous dit-il, « être néanmoins accompagnées, selon la raison, d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre ». L’auteur affirme que l’on doit se conformer aux normes sociales mais aussi reconnaître le bien-fondé, la justice. Or il est scandaleux qu’il faille reconnaître la justice d’un ordre arbitraire. Comment Pascal peut-il dire qu’un ordre est le fruit de la fantaisie des hommes, arbitraire et également juste selon la raison ? N’y-a-t’il pas une contradiction dans la pensée de l’auteur ?
Nous étudierons tout d’abord les deux sortes de grandeurs ainsi que leur respect respectif puis nous tenterons d’élucider le paradoxe et de prouver qu’il fait sens.
Pascal nous explique tout d’abord qu’il y a deux ordres de grandeur, chacun ayant une fonction spécifique qu’il faut reconnaître. Le terme de « grandeur » signifie ce que les hommes reconnaissent comme une valeur, une supériorité ou une dignité. La distinction se fait entre ce qui est par nature et ce qui est par convention. Ainsi, nous apprenons qu’il y a les grandeurs naturelles et les grandeurs d’établissement.
L’auteur nous parle d’abord de ces dernières qui se caractérisent par leur relativité. Ce sont toutes les grandeurs que les hommes sont convenus, par des accords tacites ou explicites, d’instituer comme telles. Une convention est en effet ce qui découle de la décision humaine. Elles sont fondées sur les choix humains. (« … dépendent de la volonté des hommes. »)