Passions de la transparence et autres illusions
Passions de la transparence et autres illusions *
La psychanalyse vise-t-elle la transparence du sujet à luimême ? On s’accordera que non, pas ça. L’idéologie actuelle pour sa part semble aller dans ce sens et il est difficile de le lui reprocher, au moins dans le champ politique, mais n’est-ce pas aussi ce qui produit le malaise sous sa forme présente ? Il y a l’illusion qui forme une image là où il n’y a rien, mais que dire de celle qui prétend ne rien voir là où il y a quelque chose ?
La question de la transparence est chez Lacan presque lancinante, elle revient sans cesse parce qu’elle traite de ce qui distingue, quant au sujet, la psychanalyse de la philosophie, grâce à l’acquis freudien essentiel face à la conscience de soi dite Selbst-Bewusstsein et qui serait transparente à elle-même, l’existence de quelque chose qui n’est précisément pas transparent, le je par rapport au moi de la conscience. Je laisserai de côté ce qu’il dit être « transparent », son style.
Cela vient contrarier mon propos, j’aurais préféré à la transparence le cristal de la langue qu’il évoque également et aurais volontiers fait l’écart entre les deux. Qu’il soit cristallin, son style, soit, mais transparent ? La chose peut introduire à quelque confusion et je préfère ici prendre « transparent » dans ce que ce terme implique d’illusion, par opposition à l’image dont Lacan nous rappelle la consistance :
« […] je rappelle à cette occasion la différence de l’image à l’illusoire
(l’“illusion optique” ne commence qu’au jugement, auparavant elle est regard objectivé dans le miroir 1). »
« S’il est vrai en effet que la conscience est transparente à elle-même, et se saisit comme telle, il apparaît bien que le je ne lui est pas pour
* Intervention au séminaire Champ lacanien, Paris, 13 novembre 2008.
1. J. Lacan, « Réponses à des étudiants en philosophie », dans Autres écrits, Paris, Seuil, 2001,
p. 206.
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Mensuel 41 autant transparent. Il