Passé et mémoire
1) Le passé n'est-il pas ce qui n'est plus ?
D'abord, qu'est-ce que le passé ? C'est, par définition, ce qui n'est plus. C'est ce qui a été, mais a cessé d'être. On oppose le passé au présent en disant que l'un a de l'existence et l'autre n'en a pas. Il aurait ainsi quelque chose en commun avec le futur, qui est le fait de ne pas exister. Sauf que le passé ne peut plus être présent, il ne peut revenir, alors que le futur, lui, est ce qui sera, et a à être. A à être, i.e., doit nous occuper. Sous-entendu : nous devons nous intéresser au futur mais pas au passé. Le futur rime avec espoir, le passé avec regret, amertume, désespoir.
Le passé n'a donc pas d'existence. Mais est-ce à dire qu'il n'existe pas du tout ? N'existe-t-il pas en une certaine manière ? Sous quelle forme ? Sous la forme, bien sûr, du souvenir, et dans notre mémoire. Sans la mémoire, on ne pourrait parler de passé...
2) La mémoire ramène le passé à l'existence
Parler du passé c'est donc parler de la mémoire, cette faculté en nous qui nous rappelle nos souvenirs, faculté d'éveiller les images des perceptions passées, et qui fait par conséquent qu'on s'intéresse au passé.
Je vous renvoie ici au texte de St Augustin sur le temps que vous trouverez dans le cours-temps.html : c'est dans l'esprit que le passé " est ", existe d'une certaine façon.
Par là, on voit que les deux questions de la valeur de la mémoire et de celle du passé sont liées, puisque si le passé ne sert à rien, n'est plus bon à rien, alors, la mémoire, faculté de rappeler le passé, ne sert elle non plus à rien ! Voilà pourquoi la question que nous posons est d'un enjeu fondamental pour l'homme.
3) Valeur de la mémoire
Ce serait de plus paradoxal de soutenir que la mémoire est une faculté inutile, car la conception commune tend plutôt à affirmer sa valeur. N'avons-nous pas toujours loué au