Ce poème de Paul Eluard est extrait du recueil Le temps déborde, écrit en 1947. Basé sur la dualité, ce poème est un hymne d’amour adressé à sa compagne et à sa muse, Nush, décédée brutalement. Opposant vie et mort, oppression et résistance, désespoir et espoir, Paul Eluard ne peut cacher son spleen face à une humanité opprimée, qui sort d’une guerre terrible et meurtrière. Pourtant, l’espoir et la vie ne sont jamais loin et, comme sa compagne, il veut croire en la renaissance d’un monde nouveau, juste et libre. En évoquant les malheurs du monde, cause que combattait sa muse, Paul Eluard ne finit-il pas par lui dédier un magnifique message d’amour teinté d’espoir ? Nous étudierons cette question en démontrant que ce poème, aux tons désespérés, marque l’engagement du poète mais est aussi une déclaration d’espoir et d’amour à sa compagne.

I. Un poème pathétique Ce poème est scindé en deux parties : la première, composée des deux premières strophes, annonce le thème du poème et dresse un constat du monde pathétique et désespéré contre lequel le poète s’engage.
1. Les injustices et malheurs du monde « Dit de la force de l’amour » commence sur une tonalité triste et désespérée, faisant référence aux injustices et malheurs qui affectent les hommes. En effet, le poème s’ouvre sur le champ lexical de la souffrance et de la mort : « tourments », « désespoir », « mort », « injustice », « malheurs, « colère », « sang » que le poète compare ou enchaîne par le moyen d’un sujet impersonnel « il y a » (v.4-5-6). Dans les comparaisons (v.1-2), nous pouvons remarquer l’absence d’oppositions entre les comparants : seule la « raison de vivre » s’oppose à la souffrance. Le poète insiste ainsi sur la souffrance humaine et montre que l’espoir n’a que peu ou pas de place dans un monde cruel. Il faut noter que le poème est tiré d’un recueil rédigé en 1947, soit deux années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ceci peut expliquer la tonalité fataliste du poème et le