Paul ricoeur
Qu'est-ce que l'herméneutique ? Littéralement, c'est l'art d'interpréter. L'herméneute est à l'image des exégètes bibliques qui interprètent les textes sacrés, les paraboles.
Mais cela suppose avant toute chose qu'un texte ait un double sens, une signification caché, et dissimule un autre texte qui n'est pas visiblement immédiatement. Voilà ce qu'est l'herméneutique, la traduction d'un texte vers un autre.
Ricœur se reconnaît trois maîtres :
1 - Nietzsche, l'homme du soupçon qui interroge les formations de sens, les formations de la morale pour en débusquer les forces secrètes à l'œuvre. Débusquer ces forces, c'est accroître la puissance de l'homme.
2 - Marx, pour qui la société est l'œuvre d'une infrastructure secrète, d'un matérialisme sous-jacent qui ordonne la répartition des biens, la domination d'une classe sur une autre.
3 - Freud, qui débusque les forces inconscients, les éléments secrets du sujet qui dominent et organisent la perception consciente.
Ces trois hommes ont en commun le refus de l'immédiat, du donné manifeste, pour tenter de trouver le texte caché : le texte du désir libidinal, le texte des flux économiques, le texte des forces.
L'herméneute est homme du soupçon, homme de l'écoute. Son entreprise est la destruction au sens heideggérien. Il vient faire voler le manifeste, il fait mourir les idoles. Sa méthode est l'interprétation du texte, des signes. Le monde de l'homme est finalement un texte, c'est-à-dire un ensemble de signes. Car l'homme qui ex-siste répand des signes, du sens. L'intentionnalité vient bâtir des réseaux signifiants. Finalement, l'entreprise de l'interprétation est une entreprise réflexive.
Mais à la différence de Husserl, qui conçoit dans l'activité réflexive la saisie d'un pur ego à lui-même, qui pense la découverte de l'ego cogito comme une saisie immédiate, Ricœur, lui, insiste sur la découverte médiate : L'Ego ne se saisit pas de manière pure.
La réflexion est l'effort