Pauvreté et risques naturels
L'idée que les hommes peuvent agir sur leur vulnérabilité face aux aléas naturels a été exprimée par Jean-Jacques Rousseau après le tremblement de terre qui avait frappé la capitale portugaise en 1755 : "Ce n'est qu'à Lisbonne que l'on s'émeut des tremblements de terre, alors que l'on ne peut douter qu'il s'en forme aussi dans les déserts. Convenez que la nature n'avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages et que, si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre et peut-être nul". Sans hommes il n’y a pas de risques. Non seulement la présence d’homme induit un risque mais ce dernier est aggravé par la pauvreté des hommes. La notion de risque a été utilisée très tôt, dès le Moyen Age à propos des aléas auxquels étaient exposés navires et marchandises sur les longs parcours de mer. Les sociétés sont aujourd’hui de plus en plus confrontées aux risques (multiplication des activités, des déplacements et de la croissance démographique). Mais elles ont aussi leur part de responsabilité. Si certaines sociétés acceptent encore les risques avec fatalisme, la plupart des sociétés en ont pris conscience et cherche à s’en prémunir. Les risques naturels concernent un processus physique lié à la dynamique terrestre et donc ne dépendant normalement pas des hommes. Cependant, les hommes, par leur concentration démographique, leur insouciance ou leurs activités peuvent les aggraver. Les pays pauvres et plus généralement les pauvres, parce qu’ils sont par définition des personnes n’ayant pas les moyens physiques, financiers ou culturels de se protéger contre les risques naturels sont les premiers touchés. Cependant, la sécurité ayant un prix, ils peuvent aussi s’exposer d’eux-mêmes par manque de moyens et accroître la gravité des risques naturels. Il y aurait un cercle vicieux, ces deux notions se nourriraient mutuellement.