Penser c'est dire non.
" Penser c'est dire non ". Sans ambiguité, Alain définit le sens du mot penser. Il continue par une observation où il compare l'endormissement à l'acquiessement, le réveil à la dénégation. Métaphoriquement, le non est ainsi doté d'une valeur plus positive que le oui, comme si le non était l'éveil de la pensé.
Dire non, certes, mais non à quoi ? Alain précise sa thèse : la pensée dit non à la pensée. Dire non, c'est affronter avec sa pensée sa propre pensée. C'est remettre en cause les évidences, porter en permanence attention à ce que l'on pense, pour s'assurer de sa justesse. C'est, pour Alain, le combat par excellence.
Alain va plus loin encore en affirmant que même le vrai devient faux si on ne l'interroge pas en permanence. Une condition de vérité se dessine : ne peut être vrai que ce dont je me demande à tout instant s'il n'est pas faux, et que je confirme ainsi perpétuellement dans son statut de vérité. Cela devient même pour Alain une condition d'existence de la pensée elle-même, et l'on pense inévitablement à Socrate lorsqu'il dit que celui qui croit ne sait pas qu'il croit : le premier pas pour Socrate, celui de savoir qu'on ne sait pas, est ici le pivot de la thèse, l'éternelle démarche à toujours recommencer.
Enfin, Alain affine sa thèse encore un peu plus en expliquant que penser, c'est porter un regard sur le monde. Toute interprétation du monde qui nous entoure est un acte de pensée, et cet acte doit être critique pour se prémunir de l'illusion, de l'erreur. On sent, sous la revendication philosophique, une démarche presque scientifique.
Penser, ce n'est donc pas dire non aux autres, ou alors pas seulement. C'est, avant tout, se dire non à soi-même, en permanence, pour s'assurer de penser juste, de penser droit.
Cependant si nous avons vu que la pensée peut consister en un refus total, partiel, ou temporaire de l'opinion, il est important de voir qu'elle