Penser c'est dire non
Alain dit, en parlant de la dernière façon de penser, que nous venons d’évoquer, que « penser, c'est dire non ». Qu'en est-il ? Doit-on considérer que la pensée, quand elle prend la forme du jugement, consiste en un refus, en une distanciation critique par quoi nous nous défendrions d’adhérer à une certaine façon de voir les choses ? S’il semble aller de soi, pour peu que l’on y prenne garde, que la pensée ne peut s’affirmer qu’en se démarquant de l’opinion, aux convictions bien souvent irréfléchies, il semble non moins évident qu’elle ne saurait en rester là, sous peine de sombrer dans un scepticisme stérile. Par où l’on voit qu’en se demandant si « penser, c’est dire non », nous sommes conduits à apprécier la valeur mais aussi les limites de l’esprit critique afin d’en déduire, pour nous-même, une sage façon de nous conduire lorsque nous prétendons penser.
Pour pouvoir répondre au plus juste à la question de savoir si penser, c’est dire non, nous aurons à nous en poser successivement trois autres. En