Les personnages des romans que vous connaissez peuvent-ils être considérés comme le reflet exact de ce que sont les hommes ? Le personnage principal du roman s'oppose au héros antique et à celui du théâtre tragique : il n'a pas la grandeur et la noblesse des héros légendaires, et il ne représente pas la lutte face à un destin implacable. De manière nettement moins glorieuse ou grandiose, il incarne des sentiments et un parcours qui pourraient être ceux des lecteurs. D’après Stendal, le roman « est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route ». Les personnages romanesques font partis de cette grande route ; mais par quels moyens l’auteur arrive-t-il à peindre un personnage romanesque tel que l’homme, et quelles sont les limites de cette représentation réaliste? Nous étudierons les différentes perspectives du personnage romanesque qui sont apportées par l’auteur, puis les aspects inhumains de celui-ci.

L’auteur de roman donne tout d’abord à son personnage une identité sociale. Comme les hommes, il doit savoir qu’il a une place dans la société dans laquelle il vit. L’identité sociale lui permet d’avoir des relations sociales et familiales entre individus. Cette identité sociale se traduit par sa désignation: un prénom et un nom. Certains auteurs donnent ainsi un « indice » sur le caractère ou la condition sociale du personnage. Par exemple dans La Curée de Zola, Aristide Rougon a changé son nom à Aristide Saccard, car ce nom sonne avec l’argent. Ainsi cet exemple montre bien à quel point un nom a son importance car il permet aux lecteurs de valoriser les personnages différemment. L’identité sociale du personnage est complétée par son appartenance à un certain milieu liée à son environnement familiale. En fonction de la famille dans laquelle il est né, son appartenance à un statut social diffère. Si sa famille vient d’un milieu aisé alors celui-ci a de