Chapitre I
La théorie est souvent liée au genre et au champ de l'objet à partir duquel elle a été élaborée ou auquel elle doit être appliquée. La théorie des genres littéraires a été développée par les philologues à partir de l'époque classique qui définissaient les formes d'un genre par rapport à des règles précises. En ce qui concerne la littérature médiévale, il y a plus de difficultés à établir une théorie des genres car les caractéristiques structurelles des formes littéraires sur lesquelles on devrait s'appuyer sont elles-mêmes élaborées sur des textes dont la chronologie est peu précise. Ce sont des littératures nouvelles qui se créent, aucune règle ne les faisant dépendre de la littérature latine qui les a précédées ou les classant dans les « formes naturelles de l'œuvre poétique » selon Goethe («celle qui raconte avec netteté, celle qui est exaltée avec enthousiasme et celle qui agit personnellement »). On pourrait peut-être parler d'un genre didactique en ce qui concerne les chansons des troubadours, mais cette notion n'existait pas à l'époque. Jauss choisit comme point de départ la critique de Croce, « Tout véritable chef-d'œuvre a violé la loi d'un genre établi, semant ainsi le désarroi dans l'esprit des critiques, qui se virent ainsi l'obligation d'élargir ce genre... » (Estetica, 1902).

Chapitre II
Selon Croce, même une œuvre d'art, qui devrait constituer « l'unité parfaite de l'intuition et de l'expression » est en fait influencée par une tradition ou une série d'œuvres déjà connues. Dans le cas de la littérature, on parle d'intertextualité. Dans ce cas là, cela supposerait que toute œuvre littéraire appartient à un genre, donc à un horizon d'attente, à des règles qui doivent orienter la compréhension du lecteur/public et lui permettre une bonne réception.
Mais c'est sans compter « les élargissements des genres » qui renouvellent constamment cet horizon d'attente. Il s'agit alors de saisir les genres littéraires non comme des classes mais comme