Petite epitre au roi de Clément Marot
1)- L’art de s’adresser aux puissants (avec humour)
- « c’est pitié d’entre nous rimailleurs »
>Inclut Marot et le roi (nous= vous et moi) dans la même catégorie des « rimailleurs ». >« Rimailler », nous apprend le Dictionnaire Historique de la Langue Française Robert, c’est « faire des vers médiocres », ou « en amateur ».
- « Et quand vous plait, mieux que moi rimassez »
>Le déverbal « rimailleurs » englobe donc le jeune poète et le roi, mais celui-ci est placé au dessus par le comparatif « mieux que moi rimassez ».
>Compliment au roi-poète. Le poète s’adresse à l’artiste : flatterie pour mettre en avant les qualités du roi.
>modestie de l’énonciateur, lui aussi poète : le roi est le meilleur. Elément de benevolentiae captatio.
>Note qu'à l'époque médiévale, elle entre dans la composition de la lettre idéale :
· salutatio : l'adresse au destinataire ; · benevolentiae captatio : formules visant à attirer la bienveillance du destinataire ; · narratio : discours informatif : ce que l'on a à dire ; · petitio : si l'on a une requête à formuler ; · conclusio : conclusion du message.
Par le jeu d’oppositions des pronoms, c’est d’ailleurs le roi qui l’emporte dans les six premiers vers : deux « je » pour Marot, un »nous » inclusif, quatre occurrences de la deuxième personne du pluriel, deux « vous » et « rimassez », « avez ». Cependant les deux vers suivants font basculer dans le sens de Marot l’équilibre destinateur/destinataire : trois occurrences de « moi » ou « je ».
2)- La supplique explicitée mais digne
- « Des biens avez et de la rime assez »
> Parallélisme de construction rapproche « biens » et « rime » (rime à prendre au sens métonymique : on parle de rime pour désigner l’art poétique.). Marot sous-entend ainsi que le roi peut rimer car il possède…
> « avez » « assez » insistent sur l’idée de possession et d’abondance.
>Le détail qui fait la différence entre Marot et le roi, ce sont les biens ici pris au sens de