Peut il être raisonnable de suivre les préjugés?
a- Toute une tradition de pensée philosophique a donné du préjugé une image péjorative. En effet, nombre de philosophes ont défini les opinions comme étant des obstacles à la pensée personnelle empêchant le développement d’un jugement fondé, puisque ne faisant pas appel à la raison. Les préjugés sont des savoirs admis sans être soumis à l'examen de la raison. Ils sont des idées qui sont en nous, sans pour autant nous appartenir ou même émaner de nous. Les préjugés apparaissent alors comme des connaissances qui donnent à leur propriétaire l'illusion de savoir. Il croit savoir alors qu'il ne sait rien, comme le dit Socrate, il ne fait qu'admettre des concepts sans pour autant les comprendre. Pourtant la compréhension est le ciment qui ancre une connaissance dans l'esprit humain. Au vu de ces aspects « négatifs » que revêtent les préjugés, on peut légitimement penser qu'ils sont néfastes à l'homme, faudrait-il alors s'en passer ?
b- On peut alors s’étonner de la prégnance des préjugés dans notre vie ? De fait, dès le plus jeune âge, les enfants reçoivent en leur créance une quantité d'opinions, de la part de leur famille, de leurs tuteurs, qu'ils ne discutent pas. En phase d’apprentissage un enfant ne fait qu’admettre les concepts dont on lui parle, il les reçoit en tant qu’argument d’autorité, comme le langage. L’enfant ne fonde-t-il pas sa vie future sur ces préjugés qui viennent de son éducation ? Dans cette même vie, l’homme ne va-t-il pas régulièrement s’en remettre à des maîtres à penser, comme le prêtre, le médecin, la publicité, le spécialiste… qui fonctionnent tous comme des directeurs de conduite ? Ces organes de la société affichent l’ambition de le faire agir dans son propre bien, de « choisir la voix de la raison ».
C-Ainsi, selon le point de vue des Lumières, il est nécessaire de s'extraire des préjugés pour exalter la pensée personnelle, et pourtant, la société tend à nous