« L’homme est un animal social » revendiquait Platon. En d’autres termes pas d’humanité sans société. Et si on admet comme fondement de la société l’échange entre les individus, il apparaît nettement combien il est important pour l’homme de se donner les moyens d’échanger. D’abord très primitif, basé sur un système archaïque et non normalisé de troc, les échanges ont fini par trouver un étalon dans une valeur reconnue par toute la communauté. L’or fut souvent choisi. Les valeurs des objets s’étalonnent alors à partir d’une valeur de référence qu’on donne au métal or. Ce qu’on peut déjà appeler confondu avec l’or, on pouvait aimer dans l’argent sa valeur intrinsèque : sa beauté esthétique, son éclat, sa rareté qui le rend irrésistiblement attirant. La question de l’amour de l’argent est plus pertinente depuis qu’on a décorrélé la monnaie de toute valeur réelle. Depuis que l’argent se résume à un banal coupon de papier ou même aux quelques bits de données d’une transaction numérique, l’argent a véritablement perdu toute valeur intrinsèque. Ce nouvel argent de convention qui ne représente rien en soi peut-il alors être aimé ? C’est justement parce que l’argent n’est rien en soi qu’il peut se matérialiser en tout et qu’ainsi, il cristallise toutes les passions : de l’amour à la haine. Par volonté ou par nécessité, tous les individus de nos sociétés développées entretiennent une relation à l’argent. Le riche qui dépense sans compter et le pauvre qui compte sans pouvoir dépenser entretiennent tous deux une relation évidente à l’argent. La question de l’amour de l’argent concerne donc chacun. Peut-on, de fait, aimer l’argent ? Y a-t-il une dimension affective dans notre rapport à l’argent ou un simple rapport de nécessité ? La littérature, véritable miroir de notre société, dresse un bestiaire impressionnant des amoureux de l’argent. Il y a ceux qui aiment le gain par-dessus tout, les cupides ; ceux qui tiennent