Peut-on dire "à chacun sa vérité"
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Introduction : Tout le monde semble s’accorder depuis Thomas d’Aquin pour définir la vérité comme correspondance ou adéquation de l’entendement au réel: adéquation entre l’intelligence qui conçoit, entre l’esprit et la réalité. Elle est considérée comme immuable, universelle. L'expression "à chacun sa vérité" se présente comme un principe de tolérance : on revendique ici pour chacun le droit de penser ce qu'il veut, car en matière d'opinion, chacun est son propre maître et il lui revient en toute liberté de choisir sa vérité. Si toute vérité est susceptible de se réduire au point de vue de tout un chacun, qu'en est-il de sa finalité philosophique qui la définit comme une vérité universelle autour de laquelle tous les esprits, seraient susceptibles de s'accorder ? Le mot "vérité" garde-t-il son sens si on admet qu'il puisse exister autant de vérités que d'individus ? Parle-t-on de la Vérité, ou des vérités ? Y a-t-il une possibilité de concilier une vérité incertaine que tout un chacun revendique à sa manière, et le principe d’une vérité universelle auquel la philosophie adhère, au risque de pervertir la vérité, en perdant sa fonction symbolique, si elle est mal utilisée par les hommes auxquels elle s'adresse ?
Il s’agira ici de montrer que cette formule n’est pas légitimement soutenable. Nous allons dans un premier temps voir que cette formule ne peut pas être employée puis que d’un autre côté, si l’on regarde les choses sous un autre angle, qu’il est possible de ne pas exclure, même de ne pas s’opposer à cette formule.
I-Comment imaginer que l’on puisse penser « à chacun sa vérité » ?
« A chacun sa vérité » signifierait que la vérité varie selon les individus. Il n’y aurait donc pas une vérité universelle, mais des vérités. L'idée que la vérité n'est que purement subjective et relative car en prenant compte des différentes coutumes, des différents dogmes religieux ou encore les différentes idées politiques, on pourrait prétendre qu'une opinion et plus vraie