Peut-on désirer ne pas désirer
Selon la logique classique, on ne peut à la fois penser une chose et son contraire sans poser une contradiction. La contradiction détruit l’être même, l’essence & la consistance de ce que l’on pense. Par suite, l’objet se dérobe à la pensée, il échappe. Le désir comme tout objet devrait répondre à ce principe de non-contradiction et avoir une certaine identité. Mais le désir répond-il à ce principe ou, au contraire, n’est-ce pas la spécificité du désir de lui résister ? Le désir peut-il entrer dans un raisonnement, fondé sur l’identité & la non-contradiction, sans être réduit ? Le désir, par nature, ne déborde-t-il pas sans cesse toutes les formes logiques de la pensée ?
S’il est vrai que le désir ne peut avoir en lui-même la stabilité des choses et que son être se construit & se détruit en même temps, ne faut-il pas alors penser que la logique du désir est plus paradoxale que ne l’envisage la logique rationnelle ?
• Dans un 1er temps, il s’agit de confronter le désir avec les concepts qui supposent des réalités identiques afin de montrer, d’une part, comment la pensée a cherché à exclure le désir pour sauver la raison et, d’autre part, en quoi cette tentative est vouée à l’échec.
• Le désir échappe au cadre logique, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien de logique dans le désir. Le désir est ce qui nous entraîne à penser différemment en nous introduisant à un nouveau concept de l’être.
I
L’EMPRISONNEMENT RATIONALISTE DU DÉSIR
Le principe de contradiction fonde toute la pensée rationnelle, car le souci de la pensée est de se fonder sur quelque chose de durable. Tenir un discours de raison, c’est poser une thèse qui puisse être identifiée. On ne peut soutenir à la fois le même et l’autre et poser, pour la même chose, des énoncés contradictoires. Or, dans le sujet nous avons une contradiction : le désir du non-désir. Un sujet qui désire, désire quelque chose qu’il n’a pas. Comment peut-il le désirer ?
S’il