PHILOSOPHIE.
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Peut-on expérimenter en politique ?

On a coutume de penser que le rôle de la politique, ou en d’autres termes de l’Etat, est d’assurer au mieux les intérêts des sujets, donc de penser, que la fin justifierai les moyens, tant qu’elle profite aux citoyens qu’il a pour mission de protéger et non au gouvernement lui-même. Cependant, avant même d’évoquer le bien fondé de cette démarche, le verbe « expérimenter » évoque le milieu scientifique et ses expériences, et amène donc une première question : la politique peut-elle être considérée comme une science ? Dans un second temps, vient la question de la possibilité de mener ces expériences : Est-ce possible ? La question consiste ensuite à définir si, au-delà du fait de pouvoir ou non, l’enjeu est légitime, moral : Jusqu’où peut-on aller pour assurer la bonne marche de l’Etat ? Comment affirmer la légitimité de ces expérimentations ? A l’instar du Prince de Machiavel, la fin justifie-t-elle les moyens en politique, quoi qu’il arrive ? Est-ce juste d’expérimenter voire d’éprouver les sujets de ce pouvoir incarné par le gouvernement de l’Etat auquel il est rattaché ?

Selon Platon, la politique, qui est « l’art de gouverner les hommes » incarnerait la « science royale ». Dans cette approche Classique, le but du politique et de la politique est de faire advenir le bien, de réaliser le juste, puisque son autorité est légitimée par sa connaissance de la juste mesure qui en sont, selon le Philèbe, la plus haute manifestation. Préexistante dans la nature et accessible à l'homme par la raison, cette science politique ferait partie des sciences exactes ou « dures », comme la physique, la logique ou les mathématiques. Mais la science politique peut-être, sinon la science de réaliser le juste, celle de prendre et de conserver le pouvoir, d’après Machiavel dans Le Prince, où il ne s’agit pas de se référer à des valeurs morales transcendantes comme dans La République (Platon), mais de partir de la