Peut-on ne pas être soi-même ?
- la question sous-entend d’abord qu’il est difficile, voire même impossible, de ne pas être soi-même : contradiction, paradoxe (je ne peux à l’évidence être en même temps moi-même, et différent de moi-même ! Je ne peux être autre que moi-même, ça ne veut rien dire, c’est une question de bon sens)
- elle sous-entend donc aussi que normalement, nous sommes nous-mêmes (nous sommes la même chose que le « soi-même », ie, que ce dont nous avons conscience d’être ; ou bien, nous sommes un être identique à soi-même, nous sommes une seule et même personne, etc.)
- notions essentielles pour analyser l’énoncé : principes d’identité et de contradiction
Pour préparer le plan
Pourtant, si cette expression pose problème, il faut également reconnaître qu’on l’utilise souvent : « je n’étais plus moi-même …» (j’avais trop bu, par exemple ; ou j’étais furieux). Il faut donc bien que cette expression ait un sens ! Quel sens lui donnons-nous dans la vie courante ? Que voulons-nous dire par là ? Il semble que l’on désigne par là le manque de maîtrise de soi : on « s’oublie », on oublie les convenances, etc. On n’est pas maître de ce qu’on fait, on a l’impression qu’on n’est même pas à l’origine de ce qu’on fait. On peut se référer à Freud pour rendre compte de la possibilité de cette expression, ie, pour lui donner un fondement réel.
Mais nous avons vu que la notion de « soi » renvoie à la notion de conscience (de soi). Pas de soi-même, sans être qui peut se considérer comme un soi-même, qui s’apparaît à lui-même, qui a conscience de soi, etc. Peut-être alors que la notion renvoie au problème de la connaissance de soi. L’expression ne pas être soi-même signifierait alors : ne pas être ce qu’on croit être. Est-ce que ce qui nous apparaît de nous, ce à quoi nous avons accès, n’est qu’une apparence de ce que nous sommes vraiment, de notre personnalité ? Le soi-même n’est alors qu’une