Peut-on parler de déclin britannique en 1913?
On considère généralement l’empire britannique comme une économie monde de 1850 à 1914, comme une puissance. Fernand Braudel, en 1979, dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme, 15e au 18e siècle, a défini ce concept : il s’agit d’une partie de la planète, économiquement autonome, capable pour l’essentiel de se suffire à elle-même et à laquelle ses échanges intérieurs fournissent une certaine unité. La notion d’économie monde évoque donc un espace dominé par une puissance économique. En quoi ce concept ne peut-il plus entièrement s’appliquer à l’empire britannique en 1913 ? Nous verrons ainsi dans un premier temps les facteurs de la puissance du RU, puis, dans un second temps, nous étudierons les facteurs qui assombrissent ce tableau, et dans un dernier temps, nous verrons que l’empire britannique reste un acteur majeur dans le jeu mondial, que son déclin est à relativiser.
I/ La puissance de l’Empire britannique
L’Angleterre est le berceau de l’industrialisation. Son décollage industriel est précoce. Le RU possède des mines de charbon qui sont proches des grandes villes, où il y a des ouvriers potentiels. Kenneth Pomeranz, spécialiste de la Chine, montre dans son livre Une grande divergence : la Chine, l’Europe et la construction de l’économie mondiale que la Chine et le RU étaient très proches du point de vue du développement par rapport à ce que la majorité des gens pensaient. La différence se fait avec l’industrialisation, qui permet au RU de passer devant. Comme le RU a le plus grand empire colonial, elle peut produire du coton et faire du textile. Pomeranz montre de façon amusante que si le RU n’avait pas eu cet accès au coton, il aurait pris la laine, donc des moutons, mais qu’il n’y aurait pas eu assez d’espace au RU pour que tous les moutons puissent paitre. Le coton est donc une chance pour le RU, tout comme la proximité des villes et des mines. La Chine possède des mines qui sont loin des