Peut-on parler de paysage urbain?
Depuis quelques décennies, diverses opérations d’urbanisme sont réalisées par des architectes paysagistes de renom. Au fil du temps, l’emploie de l’expression « paysage urbain » ne semblent pas poser de problème aux commentateurs qui qualifient ces projets volontiers, alors que ces mêmes paysagistes s’abstiennent quand ils discutent de leur projet et de leur réalisation. Ce paradoxe est bien en évidence, et on pourra en discuter. A la première pratique, il semble qu’associer les deux notions est contradictoire, mais en poussant plus loin le raisonnement, on pourra comprendre cette expression sert de prétexte à poser certaines hypothèses sur les possibilités d’une « mise en paysage » des espaces urbains. En effet, dans le domaine du paysagisme, les représentations esthétiques de l’urbain se trouvent systématiquement associées sinon opposées à celles d’une nature toujours plus utopique et désirable. On peut considérer que les recherches théoriques sur le paysage en France ont véritablement débuté en France il y a vingt-cinq ans, après le colloque organisé, en 1982, par François Dagognet, François Guéry et Odile Marcel autour de la question de la Mort du paysage ? Et, près de quinze ans après la publication du recueil de textes dirigé par Alain Roger sur La théorie du paysage en France (Roger 1995), le paysage fait aujourd’hui plus que jamais l’objet de débats dont les enjeux apparaissent considérables, aussi bien du point de vue théorique que du point de vue pratique. Pendant longtemps, en effet, on avait pu se satisfaire d’une définition qui faisait du paysage un panorama naturel. Généralement découvert depuis une hauteur, permettant ainsi au spectateur d’obtenir une sorte de maîtrise visuelle sur le territoire. Un tel spectacle était censé provoquer chez les sujets l’apparition d’un plaisir esthétique ou morale, et d’une émotion sensible lié au lieu. Les paysages sont abordés désormais dans le cadre d’une