D'où ces lignes de Kant: «La mort, nul n'en peut faire l'expérience en elle-même (car faire une expérience relève de la vie), mais on ne peut que la percevoir chez les autres» (Anthropologie du point de vue pragmatique). La pensée de la mort ne traduirait-elle pas plutôt une certaine fragilité psychologique, certes naturelle, mais que le sage doit pouvoir surmonter ? C'est, ici, en seconde partie, que peut être développée la référence à Épicure (cf. suite). On pourrait aussi évoquer Spinoza, pour qui "un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie". Ce qui importe c'est non la mort mais la vie La philosophie de Spinoza est une ontologie optimiste : pour lui perfection et réalité, vertu et puissance sont même chose. Le bonheur absolu existe ici-bas dans la communion intellectuelle avec l'essence des choses. Ni l'erreur, ni le mal, ni la mort n'offrent la moindre prise à une pensée positive ; ils ne se définissent qu'à partir de l'Être dont ils sont défaut, privation ; la pensée de la mort est contradictoire, c'est une pensée folle car prétendre penser le rien revient très exactement à ne rien penser ; chacun de nous est une essence particulière affirmative qui tend obstinément à « persévérer dans son être »; et il faut bien comprendre que ce « conatus », cet effort vers la plénitude de l'existence n'a rien à voir avec un peureux et douillet instinct de conservation. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au