Peut-on prendre la place d'autrui
Est-ce possible, réalisable de se mettre à la place d’Autrui ? Pouvons-nous réellement oublier qui nous sommes, notre singularité, pour prendre le point de vue d’un autre « je ». Et si vraiment on le pouvait, doit-on tout de même le faire, est ce justifiable ? En effet se mettre à la place de quelqu’un c’est lui prendre une place que l’on considérait comme la sienne. On lui considère plusieurs sens : amical : « Mets toi à ma place ! », pour me comprendre, ou au contraire malveillant : « Tu m’as pris ma place ! ». Qu’est ce qu’une place ? Depuis la fin de la dynastie et donc des castes, l’homme n’a plus de place liée à son origine dès sa naissance. La démocratie entraîne une compétition entre chaque individu pour atteindre la meilleur « place », la meilleure position politique, familiale, économique…, il y a frustration, il n’y a pas assez de bonnes places, tout le monde veut « faire sa place ». Enfin, autrui, c’est le nom philosophique et moral de l’autre homme, pris indépendamment de toute détermination sociale, religieuse ou politique : autrui, peut prendre, en effet, différentes formes ; on parle alors du prochain, du frère, de l’ami, du camarade, de l’adversaire aussi, ou de l’ennemi, du compagnon, du concitoyen, du compatriote. Tandis que les frères partagent un même père, les camarades un même combat, les compatriotes une même patrie, les concitoyens une même cité, autrui et moi partageons la même condition humaine, qui fait de chacun de nous un « moi ». Nous sommes beaucoup plus face à face que côte à côte.
Si autrui est un autre moi, mon semblable, comment pourrait-on prendre la place de ce qui n’a pas de place parce que c’est un mouvement ? Si la condition d'autrui a été et est particulière, selon le milieu dans lequel il est né, selon les défis qu'il a affrontés, selon les rencontres que le hasard ou la volonté lui ont ménagés, selon son corps et son caractère, comment moi qui ait eu d'autres conditions