La question du langage est de l’ordre du rapport entre l’homme et la nature. Car, même s’il nécessite un cadre de vie en société à son développement, il n’est aucune société humaine qui en soit totalement absente. De plus, il est une spécificité de l’homme. Mais si, comme nous le verrons, certaines catégories d’humains ne saisissent pas tout son pouvoir, une grande partie en use avec plus ou moins d’intérêt et plus ou moins de maîtrise : j’ai du pouvoir, de l’influence grâce à ma capacité de langage, je suis ouvert à faire le bien ou le mal grâce à elle. Conscient de ce pouvoir, j’ai donc la responsabilité de la façon dont j’en use. Alors, sachant que l’homme peut faire tant le bien que le mal par cette capacité-là (et de plus qu’il le sait) peut-il tout dire ? Peut-on tout dire ? Peut-on permettre à cette manifestation de la pensée de n’avoir aucune limite ? Au prime abord, il semblerait que certaines conventions, certains usages, ou même la volonté de ne pas blesser ou de ne pas heurter autrui amène à dire que l’on ne peut pas tout dire. Et pourtant, le problème soulève ici un doute : c’est vrai, ne pourrait-on pas penser que les conventions ne sont pas une raison suffisante pour taire la Parole d’un Homme, la pensée de quelqu‘un ? Le premier volet de notre étude sera consacré à montrer que l’homme est un être de société, faite inévitablement de règles, et qu’il ne peut donc pas de fait tout dire. Ensuite, nous verrons quelles sont les limites de cet argument de la vie en société pour montrer quand sacrifiant les conventions, les convenances, certains y parviennent et que certaines catégories d’humains peuvent tout se dire et donc tout dire.
En tout premier lieu, tentons de préciser la signification des termes de façon succincte, ainsi que les conditions tout-à-fait nécessaires au langage : en effet, au-delà de tout dire ou de ne pas tout dire, il « faut dire ». Et donc, quelles sont les nécessités absolues du langage ? Le linguiste Roman Jakobson