Peut-on être esclave de soi-même ?
Calliclès , dans le Gorgias de Platon, affirme que le bonheur , l’accomplissement de soi passe par la satisfaction de tous ses désirs, le fait de « laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible et d’être capable de leur donner satisfaction » . Par conséquent , toute limitation des désirs apparaît comme un esclavage , une soumission. Cependant , n’Est-ce pas être incapable de se commander à soi-même réplique Socrate ? La maitrise de soi ne fait-elle pas partie de la liberté? Confondre la liberté et la satisfaction de nos désirs n’Est-ce que pas confondre la liberté avec l’indépendance , mieux avec un fantasme que la réalité ne cesse de démentir ? Mais encore , n’Est-ce pas méconnaitre que la liberté ne concerne pas seulement la puissance que le monde extérieur m’offre ou me dérobe de réaliser mes désirs, mais qu’elle est aussi, et peut-être d’abord , une certaine manière de vivre le rapport à soi-même? Quel rapport de soi à soi-même est exigé par l’idée de liberté ? Qu’Est-ce qu’être libre moralement parlant ?
I - L’opinion commune : l’esclave est un homme qui ne s’appartient pas , qui est soumis à la volonté d’un autre, son maître. Être libre, c’est ne pas être soumis à la volonté d’un autre, c’est pouvoir faire sa volonté, c’est-à-dire agir selon son bon plaisir, sans contrainte . On ne peut donc être esclave que d’un autre ou des autres. A la limite, toute contrainte est une forme d’esclavage . Il est dont absurde de parler d’un esclavage de soi-même, car être libre, c’est être son propre maître. Cependant, suffit-il de faire « sa volonté » pour être libre ? Certains désirs ne sont-ils pas satisfaits contre notre propre intérêt ? Contrairement à ce que pense Calliclés , la satisfaction de tous nos désirs ne conduirait-elle pas , comme le montre l’exemple de l’enfant gâté et son impossibilité de connaitre son véritable désir , masqué par tous ses caprices, au malheur et à une insatisfaction désespérante ?