L'AMOUR DE PHEDRE
Une femme mariée à un roi, parti en guerre le jour de leur noce, tombe amoureuse du fils de celui-ci. Cet amour n'est pas réciproque. Elle tentera le tout, en vain. Avant de se donner la mort, elle laissera un billet, accusant ce fils de l'avoir violée.
L'amour de Phèdre fait partie des tragédies
« modernes », de celles qui magnifient le tragique de notre époque. Trahison, pouvoir, argent, corruption, religion… tous les pays sont touchés, tous les cœurs saignent.
Dans sa version, Sarah Kane n'épargne personne et elle insiste sur le personnage d'Hippolyte qui devient le centre de l'intrigue, le jouet à consommer. Sexualité dangereuse et morbide, négligence des sentiments sans autre désir que l'affaissement, abandon de la vie.
C'est un personnage sans demi-mesure. Un mortvivant impuissant devant l'état du monde. Un prince à la couronne trop lourde, cynique face à la condition humaine. Il touche au nihilisme parfait. Sarah Kane lui transmet l'amour.
En mourant, Hippolyte accède enfin à l'orgasme, celui que devrait procurer la vie.

« Si seulement il avait pu y avoir plus de moments pareils. »
(Hippolyte-Kane, scène 8)

Phèdre, face à l'état de notre monde, se pend pour emporter cet amour exclusif et faire devenir légende le destin d'Hippolyte.

« Il n'est jamais facile d'engager quelqu'un à vivre; mais quels raisonnements pourraient arrêter celui qui y est résolu, et pour qui la mort est un devoir? »
(Phèdre-Sénèque, acte 1)

Il ne s'agit pas là d'un mauvais tour des dieux mais du résultat chaotique de nos névroses, lorsque le délire prend forme et devient réel.

DEMARCHE
Dans l'œuvre complète de Sarah Kane, je perçois une recherche constante de la vérité absolue sur soi et sur le monde. Un travail acharné, sans compassion, sans concession.
Une quête que Sarah Kane effectue dans l'incertitude et sans filet. Elle me fait penser au personnage principal de Théorème de Pasolini, qui ne fait que passer et