Philo

2823 mots 12 pages
Introduction
Tout ce qui vit a des besoins, si tant est que vivre, ce n'est pas être autosuffisant, mais au contraire dépendre, pour sa propre survie, d'un milieu extérieur : la plante a besoin d'eau et de lumière ; l'animal de manger, de boire et de dormir. De ce point de vue, l'homme ne saurait faire exception ni constituer ce que Spinoza nommait « un empire dans un empire » : parce qu'il vit, l'homme connaît la pression du besoin et la nécessité vitale de sa satisfaction. Seulement, parce qu'il est doté de conscience et capable de se représenter lui-même, l'homme n'est pas qu'un être de besoins, c'est aussi et peut-être surtout un être de désirs. Le désir se distingue du besoin en ceci qu'il n'est pas issu de notre seule nature d'êtres vivants ; par conséquent, sa non-satisfaction n'entraîne pas nécessairement la mort. Pourtant, le désir a ceci de commun avec le besoin qu'il s'éprouve comme un manque : je désire par définition ce que je n'ai pas, tout comme j'ai besoin de ce qui me fait défaut. Or tout manque se traduit par une souffrance, celle-là même qui nous pousse à le combler, c'est-à-dire à le satisfaire, en sorte que la douleur semble être le symptôme du désir lui-même : nous savons que nous désirons quelque chose quand nous souffrons de ne le point posséder. Aussi la cause semble d'emblée entendue : on ne peut désirer sans souffrir.
Mais si tout désir s'accompagne nécessairement de douleur, et d'une douleur plus grande à mesure qu'il est plus vif, alors il devrait s'ensuivre qu'une vie sans désir fût la seule vie véritablement heureuse ; mais il y a là quelque chose que le simple bon sens, et l'expérience la plus quotidienne, refusent d'admettre. Il peut certes bien arriver qu'un amoureux éconduit, emporté par sa souffrance, jure de ne plus aimer ; mais pourquoi ne tient-il jamais parole ? Sans doute sa douleur présente lui fait-elle oublier à quel point il avait été heureux d'aimer, avant que d'être repoussé, à quel point aussi il se sentait vivant

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