Philo

1335 mots 6 pages
Texte de Hannah Arendt (tombé au bac), extrait de La condition de l’homme moderne
" Plus proche, également décisif peut-être, voici un autre événement non moins menaçant. C'est l'avènement de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libérera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement à la nécessité. Là, encore, c'est un aspect fondamental de la condition humaine qui est en jeu, mais la révolte, le désir d'être délivré des peines du labeur ne sont pas modernes, ils sont aussi vieux que l'histoire. Le fait même d'être affranchi du travail n'est pas nouveau non plus ; il comptait jadis parmi les privilèges les plus solidement établis de la minorité. A cet égard, il semblerait simplement qu'on s'est servi du progrès scientifique et technique pour accomplir ce dont toutes les époques avaient rêvé sans pouvoir y parvenir. […] L'époque moderne s'accompagne de la glorification théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fées, au moment où il ne peut être qu’une mystification. C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et, parmi les intellectuels, il ne reste plus que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous,

en relation

  • Philo
    1497 mots | 6 pages
  • Philo
    593 mots | 3 pages
  • Philo
    298 mots | 2 pages
  • Philo
    510 mots | 3 pages
  • Philo
    329 mots | 2 pages
  • Philo
    953 mots | 4 pages
  • Philo
    359 mots | 2 pages
  • Philo
    645 mots | 3 pages
  • Philo
    3671 mots | 15 pages
  • Philo
    2345 mots | 10 pages
  • Philo
    321 mots | 2 pages
  • Philo
    279 mots | 2 pages
  • Philo
    917 mots | 4 pages
  • Philo
    475 mots | 2 pages
  • Philo
    597 mots | 3 pages