Accusation contre Socrate : Socrate est coupable de corrompre la jeunesse. (p.97)
Arguments : Socrate prétend être non pas le seul à les corrompre mais plutôt le seul à les éduquer. «À ton avis, en va-t-il de même en ce qui concerne les chevaux ? Tout le monde serait en mesure de les rendre meilleurs, et il n’y aurait qu’un seul individu pour les rendre pires ? Ou bien est-ce tout le contraire ? Un seul individu, tout au plus quelques uns, à savoir les éleveurs de chevaux, seraient en mesure de les rendre meilleurs, tandis que la plupart des gens, chaque fois qu’ils s’en occupent ou qu’ils les montent, les rendraient pires ? N’en est-il pas ainsi, Mélétos, à la fois pour les chevaux et pour l’ensemble des autres vivants sans exception ? Oui c’est bien le cas, que vous répondiez par oui ou par non, toi et Anytos. » (p.99-101) «À l’âge que tu as, ton savoir dépasse tellement mon savoir à moi, qui ai l’âge que j’ai, que, alors que toi tu es conscient du fait que les méchantes gens font toujours du tort à ceux qui leur sont les plus proches, et que les gens de bien leur font du bien, j’en suis arrivé , moi, a un tel degré de confusion que je ne sais ni que, si je rends méchant quelqu’un qui fait partie de mes relations, je cours le risque qu’il me fasse du tort ; ni qu’un tort aussi grand c’est à dessein que je le fais, suivant ce que tu prétends toi ? Non, Mélétos, de cela tu ne me convaincras pas, pas plus, j’imagine, que tu ne convaincras quelqu’un d’autre. Alors, ou bien je ne suis pas un corrupteur ou bien, si j’en suis un, ce n’est pas à dessein que je le suis, de sort que, dans un cas comme l’autre, tu dis quelque chose de faux. Si ce n’est pas a dessein que je suis un corrupteur, la faute en question ressortit en ce genre de fautes qui, d’après la loi, impliquent non pas qu’on traduise le coupable devant un tribunal, mais qu’on le prenne en privé pour l’avertir et le réprimander. Il va de soit, en effet, que, si je reçois un avertissement, je cesserai